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Hypnose thérapeutique

Dr Paul SIDOUN, "Hypnose Onirique I - Comprendre l'autre jusqu'en lui-même"

Interview avec le Dr Paul Sidoun

Est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques mots ?

Je pourrais dire, pour essayer d’être pertinent, que je suis un vieux psychiatre. C’est-à-dire que j’ai vu passer des modes psychiatriques et psychothérapeutiques les unes après les autres. J’en ai vu les avancées, j’en ai vu les limites et il faut bien dire aussi que j’en ai vu les abus. Et donc, au-delà des modes, je sais que la question de l’humanisme, la question de ce qui fait qu’un individu s’épanouit mais aussi s’il est pour les autres quelqu’un de bien, cette question reste et restera ouverte. Je continue à croire qu’un individu est en rapport avec lui-même, avec les autres et avec une recherche de sens de sa vie qui lui échappe toujours un peu. Les psychothérapeutes un peu trop sûrs d’eux feraient bien de s’en souvenir.

La thérapie, à mon sens ne peut se réduire à la question de la souffrance si elle ne veut pas se découvrir naïve et traitre à l’humanisme.

Pour quelles raisons avez-vous décidé d’écrire un livre sur ce sujet ?

Ce petit livre est un tome 1 consacré à la question du diagnostic en psychothérapie par le biais de l’hypnothérapique onirique.

Il n’y avait pas d’écrits récents synthétiques sur l’hypnothérapie onirique. Mais pour moi il fallait sortir des problèmes de naïveté et de faible scientificité des écrits en psychothérapie et donc il était important de compléter les modèles issus de la phénoménologie et de la psychologie par les connaissances récentes en neurosciences.

De plus la question du diagnostic en psychothérapie est pour moi une question trop longtemps négligée et source de beaucoup d’inefficacité clinique. L’hypnothérapie onirique est un formidable moyen d’aller intimement à l’intérieur de la pensée de nos patients.

Enfin ce livre est un outil pédagogique conçu particulièrement pour ceux qui veulent s’initier très concrètement à cette pratique comme le font les stagiaires de l’Institut Français d’Hypnose. Il y aura un tome 2 consacré à la modélisation des attitudes thérapeutiques en hypnose onirique.

Comment définiriez-vous l’hypnose onirique ?

L’hypnose onirique consiste à proposer au patient dans un état de dissociation hypnotique classique, un thème anodin et à recueillir le récit des images qu’il va composer à partir de ce thème, sur un mode non-directif.

Ce qui est important c’est que c’est un outil d’une sensibilité extrême pour repérer les formes de pensée et pas seulement leur contenu. Ce concept de forme de pensée est l’aboutissement d’une évolution des idées qui va des inventeurs de la phénoménologie jusqu’aux données neuroscientifiques les plus récentes en passant par Deleuze et Sartre. Mon livre essaie d’intégrer toutes ces connaissances issues de domaines qui ne communiquent jamais ensemble.

Cet abord des formes de pensée donne au patient le ressenti d’une compréhension inégalée par son thérapeute et de ce fait, donne alors à ce thérapeute des capacités d’infléchissement des rigidités de pensée de son patient, inégalées.

Ainsi est réalisée une intégration de l’idiosyncrasie la plus minutieuse avec une puissance de prescriptivité très forte.

Comment cette approche se positionne-t-elle par rapport aux autres approches existantes ?

Je crois qu’il faut considérer qu’il y a un continuum entre les différentes formes de psychothérapies, chacune s’attachant à modifier les formes de pensée. Toutes, elles cherchent d’abord à les modéliser : du moins spécifique au plus idiosyncratique (de la pharmacologie, des TCC à la psychanalyse à l’autre bout du spectre). Et de la même manière toutes, elles cherchent à les assouplir en s’inscrivant aussi dans un continuum entre des manières très prescriptives et des manières les plus non directives (des TCC à la psychanalyse là aussi).

L’intérêt de l’hypnose onirique est qu’elle combine et intègre la plus grande spécificité de l’individu à la plus nette prescriptivité.

Il n’y a donc plus lieu de déclencher des guerres de chapelle, il y a lieu d’être plus intégratif est de savoir positionner chaque thérapie dans ce continuum pour choisir ce qui est le plus pertinent pour le binôme thérapeute/patient.

L’hypnose onirique a aussi cet intérêt là, faire cesser les querelles stériles entre psychothérapeutes persuadés de détenir seuls la panacée thérapeutique surtout par le biais de cet abord des formes de pensée (ou des représentations dans le langage des neuro-sciences).

Là encore, l’éclectisme de l’IFH n’est pas une abstention douce et naïve mais au contraire une vraie pertinence.

Comment présenteriez-vous la phénoménologie ?

La phénoménologie c’est la tentative d’approcher au plus près les manifestations psychiques. Ce concept au départ seulement philosophique va venir être validé par les conceptions modernes de la neuro-physiologie des représentations. Maintenant que veut dire au plus près ? Impossible à définir sans avoir recours à la question de la conscience de la mort.

Cela pourrait se résumer ainsi : le seul drame fondamental de ma vie c’est ma mort, alors pourquoi me tuer de « mauvais sang » pour quoique ce soit d’autre auparavant ?

Au plus près, signifie donc : ce qui m’empêchera d’avoir un regard démystifié sur mon existence pour pouvoir un jour accueillir la mort. C’est ce rapport apaisé à la mort qui sera le révélateur de toutes les aspérités (de tous les phénomènes) qui l’en empêchent. C’est ce qu’en hypnose onirique on appelle des rétrécissements d’imaginaire qu’on repère très facilement avec un peu d’entraînement dans le discours hypnotique du patient.

Conseillez-vous d’autres lectures sur le même sujet ou qu’il est important de lire avant de s’intéresser à celui-ci ?

En écrivant ce livre je me suis beaucoup enthousiasmé pour les convergences de références venant de domaines très disparates. Pour les neurosciences, on peut lire tout Antonio Damasio. Pour la psychologie, « Qu’est-ce que l’hypnose ? » de François Roustang est essentiel, de même que la description des mécanismes de défense par Anna Freud. Pour la philosophie l’exégèse d’Heidegger par Alain Finkielkraut dans « La sagesse de l’amour » est très abordable. De la même manière « Dialogues » de Gilles Deleuze apporte la question des agencements. Enfin on peut citer de René Girard, « Mensonge romantique et vérité romanesque ».

Institut Français d'Hypnose

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