Portrait d’hypnopraticien – 5 questions à… Laurence Jeuffroy et Pauline Mugnier

Laurence Jeuffroy, infirmière de bloc opératoire spécialisée en obstétrique, psychologue clinicienne et Pauline mugnier, Sage-femme. Témoignent de leur pratique de l’hypnose en obstétrique.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours? (formation, expériences, fonctions actuelles)

Laurence Jeuffroy (LJ) : J’ai un DESS de psychologie clinique et pathologie ainsi qu’un DE d’infirmière. J’ai également suivi des formations complémentaires avec un
DU de technique projective, une formation de coaching de résolution en entreprise et une formation en hypnose ericksonienne, en hypnoanalgésie et hypnosomatique.
Je tiens actuellement une consultation privée de psychothérapies brèves, d’hypnothérapie et d’hypnoanalgésie. Je propose également un accompagnement de la grossesse et des troubles de la fertilité.
Je suis également formatrice en entreprise (gestion du stress, ressources humaines) et consultante pour des sociétés de production audiovisuelle.

Pauline Mugnier (PM) : Sage-femme depuis plus de 10 ans, j’ai travaillé en maternité de nombreuses années. J’ai actuellement une activité exclusive en cabinet libéral où j’ai une activité très variée : suivi de grossesse, échographies, préparation à la naissance, consultation hypnose, …

Comment êtes-vous venues à la pratique de l’hypnose et qu’est-ce que cette méthode vous a apporté dans votre travail en obstétrique?

LJ : J’ai eu la chance de pouvoir effectuer mon 1er stage de licence de psychologie en maternité auprès d’un psychologue qui pratiquait l’hypnose à une époque où cette technique était très peu utilisée.
J’ai été étonnée et conquise et cette expérience a déterminé mes choix actuels.

PM : J’ai très vite ressenti le besoin d’avoir d’autres choses que la technicité pour aider les patientes lors de l’accouchement. Je me suis intéressée à l’hypnose après avoir aidé une patiente à accoucher, qui ne pouvait pas avoir de péridurale, et qui avait été préparée à utiliser l’hypnose lors de l’accouchement. J’étais bluffée !

Quelles sont les grandes indications de l’hypnose en obstétrique?

LJ : Les indications sont multiples :
– Pour gérer la douleur.
– En complément ou à la place de l’anesthésie pour certains gestes exploratoires et chirurgicaux (hysteroscopie, hysterographie, ponction d’ovocytes, petites interventions gynécologiques….)
– En préparation à la naissance, en salle de naissance (en complément ou à la place de la péridurale), …..
– Lors de crises de panique au bloc opératoire ou en salle de naissance
– En soutien psychologique pour préparer une intervention anxiogène ou pour aider à gérer certaines phobies (notamment celles des piqûres, de l’hôpital, de tout acte médical..) et traumatismes…

PM : L’hypnose a une place privilégiée à l’accouchement, en gestion du stress et des peurs liées à l’accouchement et bien sûr pour mieux vivre les contractions. L’hypnose permet de repousser le pose de la péridurale ou de l’éviter pour les patientes qui le souhaitent.
Dans ma pratique, j’utilise beaucoup l’hypnose dans mes cours de préparation à la naissance. J’aide aussi les patientes qui ont eu un mauvais vécu d’un accouchement antérieur, qui sont phobiques ou anxieuses, …

Comment la proposition d’hypnose est-elle reçue par les possibles bénéficiaires…

LJ : Lorsque l’on est en situation dite « d’urgence » (état anxieux, crise de panique, douleur aigües….) l’hypnose est accueillie avec un grand soulagement et les bénéficiaires sont alors très réceptifs très rapidement.

Lorsque l’hypnose est proposée en « amont » (préparation à l’accouchement ou en remplacement d’anesthésie loco-régional), les réactions sont variables, allant de la méfiance (peur d’être manipulé), la curiosité, l’envie et le besoin d’essayer des techniques moins médicalisées, dites plus naturelles, jusqu’à une grande adhésion.

…Qu’en disent-elles a posteriori?

LJ : La plupart du temps les personnes sont reconnaissantes d’avoir pu vivre cette expérience et ont envie de la renouveler si nécessaire. Certaines sont si réceptives qu’elles vivent l’hypnose comme un peu « magique »….
Mais il arrive également que d’autres patientes aient l’impression que l’hypnose n’a pas été d’une grande efficacité mais, même dans ce cas, elles reconnaissent toujours malgré tout un vécu de confort.

PM : En règle générale, l’hypnose est très bien accueillie par les patientes car je leur montre tout de suite les bénéfices qu’elles peuvent trouver. Qui ne souhaite pas un confort immédiat et futur après chaque séance ?
Elles utilisent l’hypnose pendant la grossesse et l’accouchement de la manière qu’elles le souhaitent. Les pères peuvent utiliser l’hypnose pour accompagner leur femme à l’accouchement.

Comment vos collègues perçoivent-ils l’hypnose ? Comment sont-ils, directement ou non, impliqués dans la proposition ou la réalisation d’un accompagnement par l’hypnose ?

PM : Malgré toutes les mises en lumières de l’hypnose dans les médias, je pense que les professionnels mal connaissent l’hypnose. C’est encore quelque chose d’obscur.
Pour ma part ce sont les patientes qui viennent d’elles-mêmes me voir pour pratiquer l’hypnose. Je propose aussi l’hypnose comme un de mes nombreux outils pour les aider.

LJ : Au début, il y a eu certaines résistances, de la méfiance, quelques moqueries, puis, après avoir assisté ou après avoir testé en personne cette technique, beaucoup de collègues deviennent demandeurs et prescripteurs.
Lorsque les collègues sont demandeurs d’hypnose pour les patientes, ils restent souvent en « retrait » en réalisant ce qu’ils ont à faire en silence et beaucoup plus calmement, attentifs aux suggestions, bénéficiant parfois même de ces suggestions pour eux même (certains disent qu’ils se sentent également en état d’hypnose..).
Certains autres (soit parce qu’ils sont réticents, soit parce qu’ils sont septiques ou indifférents) continuent d’agir comme ils ont l’habitude et c’est, dans ce cas, à nous de nous adapter souvent en étant plus proche physiquement de la patiente pour qu’elle puisse se concentrer principalement sur notre voix et « oublier » ce qui se passe autour, en veillant à ce qu’elle n’entende pas certaines suggestions négatives.
Dans tous les cas, il est important de se concentrer essentiellement sur la bénéficiaire et de créer comme une bulle de protection.


Le Portrait Chinois de l’Hypnose par Laurence Jeuffroy et Pauline Mugnier

Si l’hypnose était une œuvre d’art, quelle serait-elle?

LJ : « Le principe du plaisir ». René Magritte

PM : Les caméléons du parc Güell à Barcelone

Si l’hypnose était un personnage, quel serait-il ?

LJ : Merlin l’Enchanteur un mélange de sagesse et de magie, qui donne confiance et qui ouvre le champ des possibles.

PM : Le héros du livre de « Jamais avant le coucher du soleil » de Johanna Sinisalo

Si l’hypnose était un lieu, quel serait-il ?

LJ : La mer qui est une alliance étonnante de permanence et en même temps de perpétuel mouvement et changement et qui offre tellement de possibilités : se laisser porter par la vague, explorer ses profondeurs et découvrir ses ressources, moyen de transport pour découvrir de nouveaux continents.

PM : Mon endroit fétiche de safe place

Si l’hypnose était un animal, quel serait-il ?

LJ : Le caméléon qui s’adapte et se fond à son environnement et qui se transforme.

PM : Si l’hypnose était un animal ce serait un serpent !

 Si l’hypnose était un élément de la nature, quel serait-il ?

LJ : L’eau qui nettoie, qui est source de vie et de renouveau

PM : Une brise ensoleillée

Si l’hypnose était une musique, quelle serait-elle?

LJ : « Don’t Worry Be Happy  » de Bobby McFerrin

PM : Ce serait le dernier tube à la mode qui passe souvent à la radio

Si l’hypnose était un souhait, quel serait-il ?

LJ : Un mieux ETRE

PM : Ce serait un confort, une paix intérieure

Première mise en ligne : decembre 2012

>> Pauline Mugnier et Laurence Jeuffroy interviennent dans nos sessions de formation à l’utilisation de l’hypnose en obstétrique

Institut Français d'Hypnose

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