L'approche communicationnelle de l'hypnose et
de la thérapie suppose la mise entre parenthèses d'une
bonne partie de ce que nous croyons savoir en matière d'hypnose
et de thérapie (réduction aléthique). Cela seul
permet d'en revenir aux faits de communication (plus aisément
accessibles à l'observation) qui prévalent lors des échanges
entre thérapeute et patient (pragmatique de la communication).
Nous examinerons ce qui se passe lorsque l'on modifie,
comme c'est le cas en hypnose et en thérapie, les principaux
paramètres qui règlent les échanges entre ces interlocuteurs.
Nous réfléchirons à ce que ces changements peuvent
impliquer en ce qui concerne la légitimité des messages
échangés et donc en ce qui concerne l'influence plus ou
moins grande qu'ils peuvent avoir sur les processus de changement. Divers
exercices pratiques de changements communicationnels pourront être
proposés en vue d'y sensibiliser et de favoriser leurs applications
dans les diverses stratégies (hypno-)thérapeutiques.
Elle implique également, dans une perspective
générative, constructiviste, une réflexion sur
les rapports entre réalité, imaginaire et langage qui
sont au cur du travail thérapeutique. La dimension
pragmatique et créative du langage fera l'objet d'une attention
toute particulière (notions de référence et de
proférence, théorie d'Austin relative aux performatifs
et aux actes illocutoires) et nous conduira à une réflexion
sur le rapport de l'homme au réel: à quelle condition
quelque chose peut-il accéder au statut de réalité
? De quelle manière les phénomènes particulièrement
flous et ambigus jouent-ils un rôle privilégié dans
la genèse de nouvelles réalités (pathologiques
ou au contraire thérapeutiques) ? Comment se construisent
socialement les réalités auxquelles ont affaire les psy,
qu'il s'agisse des diverses sortes de «maladies mentales»
(au sens le plus large du mot) ou qu'il s'agisse des réalités
«psychiques» invoquées, comme par exemple l'«inconscient»,
le «transfert», le «traumatisme», (en référence
avec les travaux de Mikkel Borch-Jakobsen et de Ian Hacking notamment).
Implications éthiques, déontologiques et politiques.
Ces divers aspects seront mis en relation avec certaines
théories de la psychologie sociale (Théorie de l'Effet
Pygmalion, théorie de la dissonance cognitive, théorie
de la réactance, théorie de la soumission volontaire entre
autres).
Comment s'orienter, question difficile, dans le vaste
choix des stratégies thérapeutiques et hypnothérapeutiques
existantes ? Pour n'en citer que quelques unes:
Travail en hypnose sur le passé (techniques de
«découverte») ?
Travail sur le passé avec dissociation
(Ego-state therapy) ? Approche paradoxale à la Palo Alto ?
Thérapie provocative à la Farrelly ?
Suggestions indirectes et métaphores ?
Hypnothérapie avec progression en âge ?
Thérapie orientée vers la solution à la De Shazer
?
Thérapie narrative d'Epston et White avec externalisation du
problème ? ...
(Remarque: si telle ou telle de ces stratégies
était mal connue des participants un exercice sous forme de jeu
de rôles pourra être proposé pour y sensibiliser).
Nous essayerons, à l'aide des références
théoriques proposées plus haut, de dégager la logique
qui sous-tend quelques unes des diverses stratégies (hypno-)thérapeutiques
envisageables.
Cela devrait nous permettre de repérer un peu
plus finement certaines analogies de structure entre des stratégies
thérapeutiques relevant à première vue d'Ecoles
et de courants thérapeutiques complètement différents,
en mettant entre parenthèses les justifications théoriques
qui s'y rapportent.
Cela devrait permettre surtout d'évaluer, dans
une perspective clinique, leurs implications en termes de coût,
en partant du postulat que toute stratégie, si elle peut avoir
des avantages, présente toujours aussi, inévitablement,
des inconvénients.
Nous vous rappelons le livre
trés original et trés approfondi écrit par Thierry
Melchior :
Référence: Th. Melchior, Créer
le réel, hypnose et thérapie, Le Seuil, 1998